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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

dans leur haine ou qu’ils hésitassent sur l’emploi des moyens, mais tels étaient chez les peuples — et non pas seulement en France, mais en Italie et dans une partie de l’Allemagne — les regrets qu’inspiraient ses institutions et son administration, tel était l’attachement qu’ avaient gardé, aussi bien à sa personne qu’à ce qu’elle représentait, ses anciens soldats, que les gouvernants se trouveraient, bon gré mal gré, obligés à faire des concessions, à apporter quelque adoucissement à la captivité, surtout s’il était démontré que le climat de Sainte-Hélène lui fût fatal et qu’il se rencontrât un homme qui groupât les bonnes volontés, qui saisît les moyens de remuer l’opinion et qui eût assez de prestige et d’autorité pour s’instituer devant l’Europe l’avocat du prisonnier.

Las Cases, en se réservant un tel rôle, n’avait certes pas mal raisonné. Qu’il y fût inférieur, cela est probable, mais c’était assez qu’il eût voulu le jouer pour donner l’idée de son ambition et de son sens politique. Seulement, les Anglais savaient fort bien quelle mission il s’était attribuée et ils n’avaient eu garde de le laisser retourner directement en Europe. Enlevé de Longwood le 25 novembre 1816, embarqué pour le Cap le 31 décembre, il y était arrivé le 17 janvier 1817, et, pendant huit mois d’une quarantaine politique, il avait attendu le bon plaisir de ceux qui qualifient crime la détention ou l’emprisonnement illégal. À la fin, le 20 août, on le laissa s’embar-