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LE DÉPART DE GOURGAUD

l’Empereur, le poussait à ne céder sur rien et à n’admettre aucun compromis, qu’il le détestait au point de solliciter constamment l’autorisation de l’expulser de Sainte-Hélène ; tandis qu’avec Montholon, signataire à présent des lettres que rédigeait l’Empereur, il était, pour le moment, dans des polémiques violentes ; avec Gourgaud, tout était politesses et grâces. Lowe n’avait point trop insisté pour découvrir si le botaniste autrichien avait apporté à Gourgaud, de la part des siens, autre chose qu’un mouchoir de soie. Il s’empressait à faire passer la correspondance de Gourgaud avec sa mère, et Gourgaud reconnaissait ces attentions par des politesses qui ne manquaient pas de déplaire à l’Empereur. Il n’en persévérait pas moins, tenant Lowe pour un supérieur et pour un homme qui pouvait servir.

L’incident qui amena Gourgaud à adresser un cartel à Montholon est médiocrement expliqué : Mme  de Montholon y joue assurément le premier rôle et, en provoquant le mari, c’est de la femme que Gourgaud prétend se venger. L’Empereur, qui a déjà fait apaiser par le Grand maréchal de semblables querelles, ne peut cette fois garder la même réserve. Montholon, qui profite de toutes les fautes de son adversaire, lui apporte le cartel, reçoit de lui l’injonction de ne point se battre. Comment donner aux Anglais un tel spectacle ! Quoi ! deux Français ne peuvent vivre en bonne intelligence et leur dévouement à leur maître com-