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MALMAISON. — RAMBOUILLET

Il a fait ses adieux à sa mère, à Fesch, à Hortense, — celle-ci la dernière, qui, jusqu’au bout, avec une grâce inimitable, a rempli son rôle de maîtresse de maison, qui y a porté quelque chose de plus que ses formes habituelles de déférence aimable et froide, une sorte de tendresse compatissante, assez filiale pour être comprise, — qui, tandis que tous les autres demandaient de l’argent à l’Empereur, a eu la pensée de lui apporter son plus beau rang de chatons, le suppliant de l’accepter, — comme avait fait Pauline l’année précédente, au départ de l’île d’Elbe,

À cinq heures du soir, il quitte Malmaison, mais ce n’est point par la cour d’honneur où l’attendent, attirés par les voitures qu’on y a fait ranger, les officiers et les soldats empressés à l’acclamer ; c’est par le parc, comme à la dérobée. À une grille de dégagement attend une calèche attelée de quatre chevaux. Beker l’a fait préparer contre les ordres de la Commission. L’Empereur y monte avec les généraux Bertrand, Savary et Beker. Un valet de chambre prend place sur le siège : on part au galop.

À Rambouillet, l’Empereur s’arrête. Il y voit le concierge, le vieil Hébert, « qui fut de sa chambre en Égypte », soupe, passe dans sa chambre à coucher avec Bertrand, s’y enferme. Au bout d’un temps assez long, Bertrand sort, annonce à Beker que l’Empereur, très fatigué, s’est mis au lit. Il espérait encore.