Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
392
NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

bouche dans le parlement en faveur de Buonaparte. » Cela, en effet, répondait à tout, et il n’est point d’autre morale pour un parlementaire que d’avoir la majorité.

Les efforts d’O’Meara semblent bien s’être arrêtés là. Il publia, cette fois sous son nom, en février 1820, le tome IX des Historical Memoirs of Napoleon, qui lui furent apportés en octobre, de Sainte-Hélène, par un Anglais auquel on donna 10.000 francs pour sa commission : ce n’était rien d’autre qu’une version différente et définitive de cette Campagne de 1815, dont Gourgaud avait, malgré l’Empereur, emporté un brouillon mis au net et publié par lui dès 1818. Ce qui rend la publication d’O’Meara intéressante, c’est que l’Empereur, bien qu’il ignorât qu’il dut à Gourgaud toutes les persécutions qu’il essuyait, avait tenu expressément à lui infliger un démenti par l’expédition et la publication d’un texte authentique de la Campagne de 1815. La forme adoptée pour la publication, l’apposition sur le titre des armoiries impériales, l’annonce que les huit premiers livres de ces Mémoires historiques paraîtraient sous peu de semaines, tout proclamait l’authenticité de cette édition et infirmait celle de Gourgaud, demeurée pourtant la plus, et même la seule connue.

L’effet produit fut médiocre. Ce que le public attendait de l’Empereur ce n’étaient point des récits historiques d’une sécheresse voulue, d’une aridité stratégique, dépouillés de toute anecdote et