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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

il évite de s’attendrir ; mais, chaque fois que son regard se pose sur un des enfants Bertrand, est-ce que sa pensée n’évoque pas le petit être aux cheveux blonds et aux yeux bleus, l’enfant sans père qui grandit dans ce Schœnbrünn où il n’est plus permis de prononcer le nom de celui qui, par deux fois, y établit son quartier général ? Les jolies tendresses qu’il a avec les enfants Bertrand, et comme il les gâte, comme il se plaît à leur faire plaisir ! Tantôt il recommande à Pierron de reprendre son ancien métier de chef d’office pour fabriquer des bonbons au goût des enfants, les disposer par espèce dans de jolies boîtes en cartonnage ; tantôt il imagine de percer avec une lardoire les oreilles de la petite Hortense afin d’y passer des boucles d’oreilles en corail, puis d’autres et d’autres ; apprenant comme elle envie son frère Napoléon qui, à l’occasion, fait l’écuyer à sa portière, il lui fait prendre mesure d’un habit de cheval par la femme de Noverraz ; quelques jours après, il la fait habiller en amazone, l’assoit sur le Fringant, et Archambault conduit le cheval à la longe sous les fenêtres de Mme  Bertrand. Celle-ci est bien obligée d’en prendre son parti, et, depuis lors, Hortense, comme son frère, fait l’écuyer de Sa Majesté.

Un matin qu’Hortense, habillée d’une robe jaune, d’une vilaine couleur et d’une vilaine étoffe, est venue avec son père dans la chambre de l’Empereur, il lui dit : « Tu es bien mal habillée, aujour-