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MADAME DE MONTHOLON EST PARTIE

il y en a pour 900 à 1.000 livres (22 à 25.000 francs), à Jamestown, et, à la mort de l’Empereur, les créanciers ne se décideront qu’à grand’peine à laisser s’embarquer leur débiteur.

Est-ce une telle source de bienfaits qu’on tarit volontairement, alors qu’en France on serait aux expédients ? Par Bouges, le domestique venu de France retrouver le général Bertrand, le marquis de Sémonville a fait dire à son beau-fils « de ne jamais quitter l’Empereur ; que, cela étant, tout serait sauvé ; qu’au cas contraire, tout serait perdu », À partir de 1820, Montholon entretient constamment le commissaire de France, le marquis de Montchenu, avec lequel il s’est mis en confiance et duquel il se sert pour d’obscurs desseins, des immenses trésors que l’Empereur possède et qu’il lui léguera. Il se croit certain que l’Empereur donnera au moins deux millions à Tristan et deux millions à Napoléone : c’est l’Empereur qui le lui a dit, et il s’empresse de l’écrire à Mme  de Montholon. C’est cette fortune qu’il abandonnerait à celui qui viendrait le remplacer, car il est bien sûr que, parti, il serait rayé du testament ou n’y serait inscrit que pour une misère ?

Pourquoi serait-il venu à Sainte-Hélène, s’il s’en allait ainsi les mains vides ? Comme on trouverait bien mieux dans la réalité de son caractère qu’il tint l’Empereur sous la continuelle menace d’un départ, et que, par là, il parvînt à augmenter sa part aux dépens des Bertrand, que leur caractère écarte