Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/449

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
431
L’AMÉNAGEMENT DE LA MAISON

ils s’étaient ingéniés, imaginant le distraire, ne sachant comment lui plaire ; c’étaient de petites gens, humbles.

Ils étaient fiers parce que leur maître paraissait satisfait et que, tout ce qui se passait à Longwood faisant l’unique conversation de l’île entière, quiconque pouvait saisir quelque prétexte, venait voir le travail des Français. Ainsi, par une étrange indiscrétion, Miss Johnston, la belle-fille de Lowe, s’introduisit crânement dans le jardin, où elle rencontra Montholon ; elle lui annonça qu’elle venait visiter Longwood et qu’elle désirait infiniment voir l’Empereur. Elle était très jolie : Montholon lui offrit le bras, la promena partout et finalement la mit en face de Napoléon, qui se promenait dans un long berceau couvert de feuilles de la Passion, qu’il affectionnait. L’Empereur fut charmé de ce jeune visage, dit quelques mots polis, fit servir des sucreries et, de sa main, cueillit une rose qu’il offrit à la demoiselle.

Ce n’était pas seulement aux jardins que s’employaient les serviteurs de l’Empereur. Celui-ci, s’il était simple en ses goûts, éprouvait une sorte d’horreur physique au contact de tentures ou de tapis malpropres. C’était le cas dans ses deux chambres à coucher où la tenture de nankin était pourrie par l’humidité des murs et où le tapis était rongé par les rats. On lui proposa diverses solutions, mais il répugnait à laisser des ouvriers anglais entrer dans son appartement intérieur et il