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LA DERNIÈRE MALADIE

l’habilude, lui demander de faire un tour en calèche : le docteur était présent, insistant aussi ; l’Empereur, dans son lit, résistait. « Je me sens si mal quand je rentre chez moi, dit-il, et je me trouve si bien dans mon lit ; enfin, Montholon, puisque vous le voulez, voyez si la voiture est avancée. » Le général vint aussitôt dire qu’elle était là et qu’il n’y avait presque point de vent. L’Empereur prit un peu de gelée de viande, passa un pantalon à pied, mit ses pantoufles, une cravate, une redingote verte et un chapeau rond et sortit s’appuyant sur le bras de Montholon. Arrivé à la voiture, il ne put y monter et rentra secoué par un frisson glacial. Il se mit au lit ; Marchand le couvrit de deux couvertures ; Noverraz et Saint-Denis firent chauffer des serviettes que Marchand renouvelait constamment à ses pieds. — Il se plaignit d’avoir le ventre « pâle ». on y mit aussi des serviettes chaudes ; la moiteur arriva, puis des sueurs telles qu’il fallut plusieurs fois le changer de flanelle. Il congédia le docteur, dit à Montholon d’aller déjeuner et se fit lire par Marchand les campagnes de Dumouriez. Lorsque Bertrand vint dans l’après-midi, il causa avec lui de cette campagne de 93, et, se sentant mieux, il voulut se lever, aller jusqu’à son chêne et s’asseoir à l’ombre pendant qu’on aérerait sa chambre. À peine y était-il depuis quelques minutes qu’une nouvelle crise se déclara ; il rentra soutenu par Montholon et par Noverraz, gagna son lit ; son corps était glacé ; on demanda