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LE TESTAMENT

Arnott : « Cette tentative pour faire de vous un instrument de communication en pareille matière va contre les devoirs de votre profession. Ils le savent bien et Ils n’agissent pas sans arrière-pensée. »

La remise de ce livre provoqua d’autres histoires. Antommarchi avait ri, et l’Empereur l’avait regardé d’un œil sévère ; il lui adressa le lendemain « de vifs reproches sur la légèreté de son caractère. Le docteur chercha à s’excuser sur le souvenir qu’avait fait naître en lui une chanson avec laquelle il avait été bercé ». Sur le moment Napoléon n’insista pas. Pourtant, il était peu vraisemblable qu’on chantât en patois corse Malbrouk s’en va-t-en guerre.

Après la visite d’Antommarchi, l’Empereur reste enfermé avec Montholon et se met à écrire. Deux fois, Marchand est appelé pour des vomissements ; il enveloppe les pieds de son maître de serviettes chaudes. L’Empereur demande de ce vin de Constance, que Las Cases lui a envoyé du Cap de Bonne-Espérance ; on essaie vainement de le lui déconseiller : il persiste, s’en fait donner un verre, y trempe un biscuit, et, à Montholon qui lui dit que rien ne presse : « Mon fils, répond-il, il est temps que je termine ; je le sens. » Assis dans son lit, il tenait d’une main une planche en carton et écrivait de l’autre sans être appuyé sur rien. Le comte de Montholon debout, près du lit, tenait l’encrier. »

Quand Arnott vint, à quatre heures, l’Empereur