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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

de Lorraine, de Franche-Comté, de Bourgogne, de l’Île-de-France, de Champagne, Forez, Dauphiné » ; il rend ainsi la France de la Révolution, la France « bleue » solidaire de ses griefs : puisque c’est à elle qu’il partage ses trésors, c’est à elle qu’il appartiendra de se faire rendre justice.

Cela se rattache à la partie politique du testament et l’Empereur n’a point d’illusion sur l’efficacité présente d’un tel legs. En a-t-il sur les fonds qu’il destine à payer les legs énoncés dans les codicilles datés des 24 et 25 avril ? Des capitaux qu’il possède réellement, dont il est à peu près certain de pouvoir disposer, il passe à des propriétés infiniment moins certaines : créances irrecouvrables, rappels de dons anciens et de générosités passées, billets tirés sur la reconnaissance… Mais n’est-ce pas que, par rapport à ce qu’il voudrait donner à ses fidèles, il se sent tellement pauvre qu’il s’efforce à grossir, au moins en imagination, ce misérable pécule qu’il leur destine, qu’il croit constituer sa fortune et dont on saura lui voler la moitié.

Alors, de même que, pour son fils, il va glanant des souvenirs de lui-même chez tous ceux qui ont été mêlés à ses travaux, qui ont été chargés par lui de quelque entreprise ou de quelque travail, de même il va quêtant pour ses soldats quelque partie des millions dont il gratifia Eugène ou qu’emporta Marie-Louise. Ni pour son fils, ni pour les siens, un denier de ces trésors, mais pour ceux qui lui ouvrirent les voies et se montrèrent les protecteurs