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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

gion catholique ; je veux remplir les devoirs qu’elle impose et recevoir les secours qu’elle administre. » Au moment où il prononçait ces mots, l’Empereur aperçut un sourire sur les lèvres d’Antommarchi debout au pied de son lit : « Vos sottises me fatiguent, Monsieur, lui dit-il ; je puis bien pardonner votre légèreté et votre manque de savoir-vivre, mais un manque de cœur, jamais ! Retirez-vous. »

De nouveau s’adressant à l’abbé, il lui avait dit : « Quand je serai mort, on me placera dans une chambre ardente, vous célébrerez la messe et vous ne cesserez que lorsqu’on me portera en terre. » Il y eut un long silence. L’Empereur, reprenant, avait parlé à l’abbé de son pays, de Ponte-Nuovo di Rostino, de la maison qu’il devait s’y faire construire, de l’agréable vie qu’il pourrait y mener. L’abbé, se mettant à genoux, avait pris la main de l’Empereur qui pendait hors du lit, et l’avait baisée pieusement ; puis, les yeux pleins de larmes, il était sorti.

L’Empereur, à ce moment, avait manifesté l’intention de revoir l’abbé lorsque sa fin approcherait et, diverses fois sans doute, il le lui avait répété à lui-même en même temps qu’il l’avait avancé dans sa confiance au point de lui confier le double de son testament, et de le prendre comme un des témoins pour contresigner ses dernières volontés, mais jusqu’au 3, il n’avait pas rempli ses devoirs religieux.

Marchand introduisit l’abbé, le laissa seul avec