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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

roi de France, mais alors nous devons être tout à fait certains qu’on lui fera son procès et qu’il n’a aucune chance d’échapper. J’ai eu quelques conversations avec les jurisconsultes et ils sont de l’opinion que telle serait, à tous égards, la mesure la moins sujette à objection. Nous aurons le droit de le considérer comme un prisonnier français et, comme tel, nous le rendons au Gouvernement français. »

Assuré de l’approbation de ses alliés, le roi Louis XVIII eût préféré s’emparer lui-même de l’Usurpateur plutôt que d’attendre que les Anglais le lui livrassent et c’est pourquoi M. de Jaucourt, ministre de la Marine, avait, par le baron Richard, expédié à M. de Bonnefoux l’ordre de mettre l’Empereur au secret sur la Saale.

Seulement, ce qui s’était ainsi trouvé retardé, c’est-à-dire l’exécution de l’Empereur sur la simple constatation de son identité, ne pouvait à présent s’accomplir sans inconvénients graves. Depuis que le roi de France avait remporté la victoire de Waterloo, Wellington, Castlereagh et Pozzo di Borgo qui représentaient près de lui des alliés dont l’opinion valait d’être comptée, s’employaient à lui démontrer que la France n’était pas un pays qu’il eût conquis et où il pût impunément suivre le système de gouvernement qui avait rendu la révolution du 20 mars inévitable. Ils l’avaient contraint à chasser Blacas, à écarter Monsieur, comte d’Artois, et ses amis, à subir Fouché et Talleyrand