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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

enthousiasme. De partout affluaient des demandes pour être admis sur le Bellerophon ; la mer, tout alentour, était couverte de barques, remplies de curieux à couler ; il n’était que temps de soustraire l’Empereur à ces démonstrations. Dans la nuit du 25 au 26, ordre de mener le Bellerophon à Plymouth. On y arrive dans la journée. L’Empereur demande aussitôt à voir l’amiral Lord Keith, qui commande la flotte. Keith allègue qu’il n’a point encore reçu d’instructions et qu’il ne saurait comment le traiter. Mais les ordres qu’il a en mains et qu’il transmet à Maitland suffiraient, s’ils étaient communiqués à l’Empereur, pour ne lui laisser aucun doute sur le caractère de prisonnier qu’on veut lui imposer : défense à qui que ce soit du vaisseau de communiquer avec la terre ; défense de recevoir qui que ce soit à bord, de laisser approcher ou rôder des barques à moins d’une encablure ; deux frégates, la Lissey et l’Eurotas, viennent mouiller à chaque bord du Bellerophon « pour prévenir l’évasion de Buonaparte », et marins et soldats y montent les quarts comme en présence de l’ennemi. Le soir même, des barques de ronde, les matelots tirent des coups de balle pour écarter les embarcations des curieux. Le 27, sur l’ordre des Lords commissaires de l’Amirauté, on enlève du Bellerophon, pour les faire passer sur la Lissey et le Myrmidon, les officiers de la suite de l’Empereur, au-dessous du grade de général. Il est enjoint de « considérer et de traiter Napoléon