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LES CORDELIERS AVANT VARENNES

SOUS le nom de la Réunion des étrangers est mentionnée dans le n" 34 de la Bouche de fer (décembre 1790). Son secrétaire Savard était un des dignitaires du Cercle social. En juin 1791, il existe une société des Amis de la liberté qui siège rue du Bac[1] une société patriotique de la section de la Bibliothèque qui compte parmi ses membres des personnages marquants comme L. Milly qui présidait en février 1791 la société des Ennemis du despotisme, autrement dit les Vainqueurs de la Bastille, Jacques Pierre Brissot, le célèbre journaliste, L. Cointreau, déjà membre de la société des Amis de la loi et de la société du Serment du jeu de paume, Bacon, correspondant et ami de Marat, Camille Desmoulins, Jean De Bry, Hugou de Bassville, Pougens, Clavière le financier, le fournisseur Ouvrard, etc.[2].

La société des Indigens amis de la Constitution, tenait ses réunions rue Jacob dès mars 1791, plus tard en juillet rue Christine, no 11[3].

Il se formait enfin sous le nom de sociétés ou d’unions fraternelles de véritables syndicats ouvriers, comme l’union fraternelle des ouvriers en l’art de la charpente, qui existe déjà au début de 1791, la société fraternelle des compagnons maçons qui fait parler d’elle en avril 1791. Toutes ou presque toutes ces sociétés sont animées sensiblement du même esprit qui est un esprit de défiance et d’action démocratiques. Par là encore, elles devaient se rapprocher forcément des Cordeliers avec lesquels elles avaient tant d’affinités[4].

  1. Aulard, Histoire politique de la Révolution.., p. 78, note.
  2. Leurs noms sont au bas de la Déclaration de la société patriotique de la section de la Bibliothèque du 15 juin 1791, de l’imp. Potier de Lille, rue Favart, Bib. nat. Lb40 860, 2 p. in-8.
  3. On lisait au début des séances les Révolutions de Paris, dont le directeur Prudhomme était membre de la société. L’adresse de la société, lue aux jacobins, le mercredi 30 mars 1791, dit qu’elle a été fondée « il y a quelques mois déjà par les soins d’un patriote bienveillant ». Cette adresse, qui est une sorte de programme et de profession de foi, assigne à la société comme objet essentiel l’instruction civique des pauvres, sans laquelle la liberté deviendrait entre leurs mains une arme dangereuse. (A. Aulard, Soc. des jacobins, t. II, p. 225-227). Le 12 juillet les Cordeliers furent invités par les Indigens à se rendre à l’ouverture de leur nouveau local, rue Christine, no 11. Cf. plus loin, p. 103.
  4. Quand les fayettistes virent les sociétés fraternelles leur échapper,…