donné lieu qu’à de rares études partielles. Rechercher les motifs qui ont contribué à la pénétration des étrangers en France, examiner l’importance de leurs colonies, retracer les influences qu’ils ont exercées au point de vue démographique et social, étudier les méthodes adoptées par l’ancien régime pour incorporer à notre nationalité ces allogènes, tels sont les buts que je me propose de poursuivre, sans me dissimuler ce que ce plan comporte de hardiesse. Il est hardi de brosser une toile avant d’avoir procédé à des ébauches ; l’analyse, en matière historique, doit précéder la synthèse. Or, pour l’instant, on dispose encore de très peu de matériaux solides pour servir d’assises à l’édifice que ma témérité se propose d’édifier.
J’ose espérer que les membres érudits de nos sociétés savantes de province, dont les travaux sont souvent judicieux et excellents, incités par l’intérêt que peuvent présenter des recherches analogues à celles que j’ai tentées, orienteront leurs études vers l’histoire des colonies étrangères de leurs provinces. Ils réuniront ainsi les éléments d’une enquête dont un historien ou un ethnographe qualifié pourra tirer une imposante étude sur la formation de la population française[1].
- ↑ Le présent volume comporte une partie générale sur les causes de la pénétration des étrangers en France. J’étudie ensuite les colonies orientales et extra-européennes qui se sont constituées dans notre pays. Si les circonstances le permettent, d’autres volumes suivront. Le second relatera l’histoire des Allemands, des Hollandais et des Scandinaves en France ; le troisième, celle des Italiens, des Espagnols et des Portugais ; les éléments de population écossaise, anglaise et irlandaise seront étudiés dans un dernier volume. Reprenant alors l’histoire des origines de notre population, je terminerai par où il eût été logique de commencer.
