Page:Matthieu - Aman, 1589.djvu/20

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» Sous l’abri verdoyant de quelque beau buisson : (300)
» Des mignards oyselets il entend la chanson,
» Si Mars vient en la Cour avecque sa rudache,
» Avec ses tabourins, et avec son panache,
» Pour faire ses soldats accourir à l’assault,
» De son lict genial il ne sort en sursault (305)
» Pour avoir quelque charge, ou pour faire ravage,
» Ou pour impitoyable avoir part au pillage.
» Il attend à repos en sa grise maison
» Le terme de ses ans, qu’il conte par saison :
» Il ne s’affriandit aux douceurs de la Lotte, (310)
» Du verger de la cour, qui le sage assotte,
» Il temporise bien de Bacchus aux raisins,
» Et aux fruits de Ceres, qu’il preste à ses voisins :
» Il ne va valetter l’arrogance des Princes,
» Il se rit de leurs faits, il nombre leurs provinces, (315)
» Il n’est contraint changer, pour les servir, sa loy,
» Il ne sçait quel mot c’est qu’embuscade, que cargue,
» Diane, sentinelle, escarmouche, ni targue :
» Jamais ne permettra se laisser suborner
» Pour les ans de quelqu’un avec le fer borner. (320)
» Ah Dieu ! mais aujourd’huy où les meschans sont maistres,
» On achete, l’on vent les meurtriers et les traistres.
Dieu, monstre aux aveugles les droicturiers sentiers,
Et change le vouloir des eunuques portiers,
Ne permets que si tost leur volonté perverse (325)
De ce Roy haut-puissant orpheline la Perse.
ESTHER.
Ah ! où tendent ces mots ? pere, sans long discour,
Dictes moy quel malheur effroye ceste cour.
MARDOCHEE.
Thares et Bagatha commis dessus la porte