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À ces mots, les chrétiens, en regardant les cieux,
Les cieux, leur doux espoir, restent silencieux.
Néron, à leur aspect, sent du feu de la rage,
En ce terrible instant, s’enflammer son visage ;
De l’enfer ont bondi les démons courroucés,
Et dans le cirque ouvert les monstres sont lancés.
Vers l’arène de sang, le tigre de Nubie,
La panthère de Ziph, le lion de Lybie,
Se sont précipités, de fureur frémissants ;
Ils jettent dans les airs d’horribles hurlements,
Et le peuple romain a triomphé de joie ;
Les monstres dévorants s’acharnent sur leur proie ;
Du flanc de nos martyrs le sang s’échappe à flots ;
Ils demandent au ciel grâce pour leurs bourreaux…
Alors l’Esprit divin vient consoler leur âme,
De l’amour du Seigneur soudain il les enflamme ;
Ils délaissent un monde où règne la douleur,
Et des élus ils vont savourer le bonheur.

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Sur le bord du chemin, au pied de la colline,
Le voyageur contemple une tour qui s’incline.
Est-ce quelque manoir où veillent des guerriers,
En attendant le jour des assauts meurtriers ?
Non, non, rassurons-nous, c’est le paisible asile
Où vivent des Croyants, loin des bruits de la ville ;
Lorsque pâlit l’éclat du jour à son déclin,
Ces hommes studieux, penchés sur le vélin,
Recherchent le vrai sens d’un texte qu’on ignore ;
Déjà l’aurore brille, ils le cherchent encore.
Dans leur sainte retraite, ennemis du repos,
Ils ont voué leur vie à ces nobles travaux,
Et par l’ardent effort d’un généreux courage,
Ces Croyants ont sauvé plus d’une illustre page.
Ô noble Démosthène ! et toi, sage Platon !
Sauveur de ton pays, éloquent Cicéron !
Beau Cygne de Mantoue, ô sensible Virgile !
Et toi, chantre d’Hélène et du bouillant Achille !
Vous qui fîtes couler tant de pleurs de nos yeux,