Page:Matton - Le croyant, 1852.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 24 —

Et des sages du temps apaiser la tristesse ;
Le monde rajeuni palpita d’allégresse ;
L’infortuné captif sentit tomber ses fers ;
Une ère de bonheur s’ouvrit pour l’univers.
Avide de gagner la couronne immortelle,
Le Croyant, imitant son sublime modèle,
Affronta les dangers des déserts et des flots
Pour arracher l’esclave à ses lâches bourreaux.


Séparateur


Sous l’éclatant soleil de la zone torride,
Et dans l’autre hémisphère, un génois intrépide
Conquit pour l’Ibérie un pays enchanté,
Le Pérou, par l’Incas autrefois habité ;
Sous des cieux sans nuage on y voit la nature
Étaler en tous lieux sa splendide parure ;
Dans les airs embaumés et sur le bord des eaux,
De tous côtés voltige un peuple entier d’oiseaux.
Il en est un surtout dont le charmant plumage
D’un scintillant bijou nous présente l’image :
C’est le beau colibri, volant de fleurs en fleurs,
Et faisant au soleil chatoyer ses couleurs.
Dans les champs ; dans les bois, la flexible liane
S’élève, court ou rampe au loin dans la savane ;
L’anana, le mangoust suspendent en ces lieux,
Au versant des côteaux, leurs fruits délicieux ;
Sur des fleuves géants la légère pirogue
Fend la vague écumeuse, et rapide elle vogue ;
Du bord des frais ruisseaux s’élance le palmier,
Où, vers le soir, gémit le fidèle ramier ;
L’altier magnolia, dont la lige s’incline,
Balance dans les airs sa tête purpurine ;
Aux flancs des noirs rochers, le cactus épineux
Se dresse en étalant son carmin radieux.
Ah ! qui pourrait penser que sur ces beaux rivages,
Où s’offrent en tous lieux les riants paysages
Et les fruits succulents d’un Éden enchanteur,
L’habitant de Mexique ignore le bonheur ?
Aux plus rudes travaux sa vie est consacrée,