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Du soc du laboureur ne craint plus les tranchants.
La famille, la paix, la gloire, la patrie,
Tout disparaît… déjà règne la barbarie.

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Ô toi qui soutiens l’homme en ce vallon de pleurs,
Toi qui guéris ses maux, qui calmes ses douleurs,
Sainte religion, du Christ fille immortelle,
Tu voiles ton visage, et, déployant ton aile,
Déjà tu prends l’essor et t’enfuis loin de nous !
Ô toi que les Croyants adorent à genoux,
Et qui de tant d’éclat sur nos autels rayonnes,
Qu’allons-nous devenir si tu nous abandonnes !…
Consolatrice aimable, ah ! ne pouvais-tu pas
Encore soulager tant d’êtres ici-bas
Que le crime avilit, que la haine dévore ?…
Il est une contrée où se lève l’aurore ;
Si tu veux nous quitter, religion d’amour,
Tu pourras y fixer ton aimable séjour ;
En ces lointains climats tu reçus la naissance,
Et c’est là qu’autrefois resplendit ta puissance.
La Judée a gardé ton pieux souvenir,
Elle sera joyeuse en te voyant venir.

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Ô du barde chrétien aimable protectrice,
Viens enflammer mon cœur, sois mon inspiratrice !
Muse aux chastes transports, ô sœur des Chérubins,
De la sainte cité montre-moi les chemins ;
Douce amie, à ma voix descends de l’Empyrée,
Et viens joindre à ma lyre une corde sacrée !

Si je pouvais franchir sans coursiers, sans vaisseaux,
Les vallons, les forêts et l’abîme des eaux,
Humble Croyant, j’irais m’abattre sur la terre
Où le Christ accomplit un douloureux mystère ;
J’irais me rafraîchir aux ondes du Jourdain,
Et prier, vers le soir, au funèbre jardin
Où coulèrent les pleurs du Rédempteur du monde,