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Si le juste succombe, elles ne meurent pas ;
Elles ont sur notre âme un si puissant empire
Que le méchant lui-même en secret les admire.
Le sage qui s’éteint, excite nos regrets ;
Son pieux souvenir ne s’efface jamais.
Même parmi ces rois que le peuple abandonne,
Qu’en sa démence aveugle il renverse du trône,
Parfois s’il apparaît un homme généreux,
Un prince qui, l’ami de tous les malheureux,
N’excite le mépris, la haine ni l’envie,
Quand il a dépensé tous les jours de sa vie,
Sa mort est le signal de publiques douleurs ;
Son peuple tout entier verse longtemps des pleurs.

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Compagne de celui qui régit ma patrie,
Toi que nous regrettons, Souveraine chérie,
Quel chaume, quel palais n’a retenti de cris
Quand le bruit de ta mort soudain nous a surpris !
Ah ! c’est qu’en toi le pauvre avait perdu sa mère,
Et la Belgique en deuil, son ange tutélaire.

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Ô muse des tombeaux, ô toi qui, vers le soir,
Vas sous le triste saule en silence t’asseoir ;
Muse de l’élégie, ô vierge désolée,
Toi que l’on voit gémir au pied du mausolée ;
Qui de tes jeunes sœurs fuyant les vains plaisirs,
En ton cœur nourrissant de pieux souvenirs,
À l’ombre des cyprès, pensive, solitaire,
Pour ceux qui ne sont plus, élèves ta prière ;
Sœur des infortunés, vierge aimante, aide-moi
À déplorer la mort de l’épouse du Roi !
Si mon triste récit fait naître quelques larmes,
À les répandre, au moins, on trouvera des charmes !

Tendre mélancolie, au milieu des tourments,
Souvent tu viens calmer le cœur de tes amants ;
Tu sais les consoler dans leur sombre retraite,