Page:Maturin - Bertram, trad. Taylor et Nodier, 1821.djvu/182

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mort terrible. Pense à l’instant où un voile obscur couvrira tes yeux, et fermera éternellement tes paupières : cet instant s’approche rapidement. (Bertram sourit.) Mais la terreur produit chez toi une joie horrible, et tu es endurci par l’habitude du danger à tout mépriser, même la mort. (Bertram se détourne.) N’y a-t-il rien dans la nature qui puisse t’émouvoir ? Il s’en est trouvé que le Ciel n’a pu fléchir, qui pourtant se sont laissés amollir par les supplications de la vieillesse agenouillée. (Il se met à genoux.) Je m’abstiens d’exercer sur toi l’influence du pouvoir spirituel ; je n’emploie ni croix ni rosaire. Je te conjure, ô mon fils, par les frémissemens de ces mains suppliantes, par ces cheveux blancs semblables à ceux de ton vieux père, et que tu n’as jamais vus ramper devant toi sur la poussière ! Épuisé de fatigues à te chercher, je mourrois si tu voulois achever de briser mon cœur par un refus. Repens-toi, Bertram. Cède et repens-toi, mon fils, mon cher fils !