Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 2.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moi. Ce jour-là j’attendis plusieurs heures dans ma cellule avant que l’on m’apportât à manger. Il n’y a point de situation d’esprit qui nous empêche de sentir les besoins de la nature. J’avais été depuis plusieurs jours privé de la nourriture suffisante à mon âge. Je descendis à la cuisine pour en demander ; le cuisinier fit le signe de la croix en me voyant entrer, et je ne l’avais pas fait sans hésiter, tant j’avais pris l’habitude de rester partout à la porte. Ce serviteur avait appris à me regarder comme un démon incarné. Il frémit en me demandant ce que je voulais.

« Je veux de la nourriture, répondis-je, voilà tout. »

— « Eh bien, vous en aurez, mais