Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 2.djvu/54

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mon frère, son refus serait-il aussi un crime ? »

Je dis cela presque sans savoir ce que je disais, et seulement par manière de comparaison. Je n’y entendais pas malice, et je ne voulais accuser ma mère que d’une injuste partialité. Elle me détrompa, en ajoutant, d’une voix qui me glaça le sang : « Il y a une grande différence entre vous. »

— « Je le sais, Madame, il est votre favori. »

— « Non : j’en prends le ciel à témoin ; non. »

Ma mère, qui avait paru jusque-là si sévère, si décisive, si impénétrable, prononça ces paroles avec une sincérité qui me toucha. Il semblait qu’elle en