Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 2.djvu/83

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Éperdu d’horreur et de chagrin, je tombai presque sans connaissance dans les bras du supérieur, qui saisit ce moment pour me porter à l’église. Ma mère nous suivit. La cérémonie commença. Je fis vœu de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, et au bout de quelques instans, mon sort fut irrévocablement fixé.

Après ce moment affreux, les jours se suivirent, les mois s’écoulèrent sans m’avoir laissé à peine un souvenir. J’ai sans doute éprouvé des émotions diverses ; mais il ne m’en reste pas plus de trace que la mer n’en conserve de ses flots. Mes sens et mon esprit étaient ensevelis dans une stupeur complète : c’était peut-être là l’état le plus convenable à l’existence monotone à laquelle