Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 3.djvu/168

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abaissés même au-dessous de moi. Je savourais la douleur du moine apostat et du novice. Mon cœur ulcéré jouissait profondément de la colère du supérieur. Je sentais qu’ils étaient tous des hommes comme moi. Je les avais crus des anges, et ils étaient mortels. À force d’épier leurs mouvemens, de flatter leurs passions, de travailler pour leur intérêt, ou plutôt pour le mien, en leur faisant accroire que je n’avais que le leur en vue, j’avais trouvé le moyen de procurer autant de malheur aux autres et d’occupation à moi-même que si j’eusse été réellement dans le monde. J’avais percé le sein de mon père : c’était l’affaire d’un moment. Ici, j’avais deux cœurs à percer tous les jours et