Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 3.djvu/194

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« Combien vous avez dû souffrir !… Combien j’ai souffert moi-même pendant cette affreuse journée. J’avais presque renoncé à vous voir. Hâtez-vous : la voiture est à vingt pas. »

Tandis qu’il parlait, je distinguais, à la lueur de sa lanterne, ces traits si beaux et si majestueux qui jadis m’avaient fait frémir, comme le gage d’une éternelle émulation, mais qui m’offraient alors le sourire de la divinité fière, mais bienfaisante, à laquelle je devais ma délivrance. Je montrai du doigt mon compagnon. Je ne pouvais parler, car une faim dévorante me consumait. Juan me soutenait, me consolait, m’encourageait ; il faisait autant et plus qu’aucun homme eût jamais fait pour