Page:Maupassant - Au muséum d’histoire naturelle, paru dans Le Gaulois, 23 mars 1881.djvu/4

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Je ne m’arrêterai guère sur les parties de ma promenade que tout le monde peut faire. Il me sembla que j’accomplissais un pèlerinage en ces lieux où j’étais venu si souvent dans mon enfance ; et les détails que me donnait mon savant compagnon étaient comme des révélations sur les dessous inconnus de l’Être.

Je revis les bêtes féroces, nos frères les singes, de petits animaux aux noms barbares, mais d’une grâce attendrissante, et la plus belle collection d’antilopes qui soit en aucun jardin zoologique. Une famille surtout me retint longtemps arrêté : les trois animaux, le mâle et deux femelles, d’un blond presque blanc qui semble tourner au rose, frêles des jambes, musclés des cuisses, râblés de la croupe, avec des têtes de biches aux grands yeux noirs, surmontées d’une paire de cornes démesurées pareilles à de longs roseaux courbes, couraient par gambades bondissantes, d’une élégance inoubliable.