Page:Maupassant - Au muséum d’histoire naturelle, paru dans Le Gaulois, 23 mars 1881.djvu/5

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Dans la rotonde aux éléphants, un jeune rhinocéros devint mon ami.

Il passait entre deux poutres de bois sa longue tête de monstre mal fait, pareille à un cap terminé par un phare, tandis que ses yeux, trop bas, avaient l’air de dégringoler dans sa mâchoire. Je caressais cette figure difforme et bon enfant, quand un gardien vint causer avec nous et m’apprit que l’autre jour, pendant qu’il nettoyait la maison de son pensionnaire, celui-ci, par farce peut-être, ou seulement par gentillesse, l’avait, d’un seul coup de son nez montagneux, lancé, comme une balle dans l’espace.

Nous nous arrêtâmes devant les oiseaux, échassiers, philosophes rêveurs, flamants ou marabouts chauves comme des sénateurs, dont le crâne semble rongé par un mal, et devant les pélicans goîtreux qui nous rappelèrent une aventure arrivée au Havre l’an dernier.