Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/284

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Vous pleurerez pendant l'éternité ; vos pleurs feront une mer ; et cette mer ne sera pas une goutte d'eau pour l'enfer ! Vos larmes entretiendront les flammes, loin de les éteindre ; et vous entendrez la moelle bouillir dans vos os.

Et puis on coupera vos têtes de dessus vos épaules, et pourtant vous vivrez ! Les démons se les jetteront l'un à l'autre, et pourtant vous vivrez ! Ils rôtiront votre chair sur les brasiers ; vous sentirez votre chair devenir du charbon ; et pourtant vous vivrez.

Et là, il y aura encore d'autres douleurs. Vous entendrez des reproches, des malédictions et des blasphèmes.

Le père dira à son fils : - Sois maudit, fils de ma chair, car c'est pour toi que j'ai voulu amasser des biens par la rapine !

Et le fils répondra : - Maudit ! maudit ! sois-tu, mon père ; car c'est toi qui m'as donné mon orgueil et qui m'as conduit ici.

Et la fille dira à sa mère : - Mille malheurs à vous, ma mère, mille malheurs à