Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/288

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devenaient fous en la voyant, si perverse qu'elle se donnait à tous, puis les faisait tuer, précipiter dans la mer du haut des rochers voisins.

Ses passions débordées étaient plus violentes, disait-on, que les vagues de l'Océan furieux, et surtout plus inapaisables. Son corps semblait un foyer où se brûlaient les âmes que Satan cueillait ensuite.

Dieu se lassa, et il prévint de ses projets un vieux saint qui vivait dans le pays. Le saint avertit le roi, qui n'osa pas punir et enfermer sa fille chérie, mais qui l'informa de l'avertissement de Dieu. Elle n'en tint pas compte, et se livra, au contraire, à de tels débordements que la ville entière l'imita, devenue une cité d'amour, dont toute pudeur et toute vertu disparurent.

Une nuit Dieu réveilla le saint pour lui annoncer l'heure de sa vengeance. Le saint courut chez le roi demeuré seul vertueux en ce pays. Le roi fit seller son cheval, en offrit un autre au saint qui l'accepta ; et, un grand bruit les ayant effrayés, ils aperçurent la mer qui s'en venait par la campagne, bondissante et mugissante. Alors la fille du roi parut à sa fenêtre, criant :

- Mon père, allez-vous me