Page:Maupassant - Balançoires, paru dans Le Gaulois, 12 mai 1881.djvu/4

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Or, depuis que le monde existe, les choses se sont toujours passées ainsi. Chacun de nous sait, à n’en pouvoir douter, que quiconque oblige quelqu’un garde de la reconnaissance à son obligé pour lui avoir rendu service, mais que l’obligé considère le bienfait comme un fardeau. À plus forte raison, quand il s’agit d’un peuple. Nous savions gré à l’Italie de lui avoir prouvé notre générosité, voilà tout.

Et puis, qu’est-ce que veulent dire ces amitiés de peuple à peuple, cette blague antique qui sert toujours aux gouvernements malins ?

Du moment que vous avez un mur mitoyen qui vous sépare de votre meilleur ami, cet homme pourra demain devenir votre ennemi mortel si votre bonne a jeté un trognon de chou par-dessus ce mur. L’amitié ne tient pas plus que ça. Du moment qu’une frontière commune existe entre deux peuples, entre deux êtres collectifs dont les sentiments sont des courants d’opinion venus des chefs