Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/164

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L’homme tira trois francs de son gilet, en demandant :

— Monsieur Duroy ne veut pas davantage ?

— Non, non, cela me suffit. Merci bien.

Et, ayant saisi les pièces blanches, Duroy descendit en courant l’escalier, puis alla dîner dans une gargote où il échouait aux jours de misère.

À neuf heures, il attendait sa maîtresse, les pieds au feu dans le petit salon.

Elle arriva, très animée, très gaie, fouettée par l’air froid de la rue :

— Si tu veux, dit-elle, nous ferons d’abord un tour, puis nous rentrerons ici à onze heures. Le temps est admirable pour se promener.

Il répondit d’un ton grognon :

— Pourquoi sortir ? On est très bien ici.

Elle reprit, sans ôter son chapeau :

— Si tu savais, il fait un clair de lune merveilleux. C’est un vrai bonheur de se promener, ce soir.

— C’est possible, mais moi je ne tiens pas à me promener.

Il avait dit cela d’un air furieux. Elle en fut saisie, blessée, et demanda :

— Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi prends-