Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/252

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jusqu’au moment de la rencontre, c’est le seul moyen d’être crâne. »

Et il se mit à sa toilette. Il eut encore, en se rasant, une seconde de défaillance en songeant que c’était peut-être la dernière fois qu’il regardait son visage.

Mais il but une nouvelle gorgée d’eau-de-vie, et acheva de s’habiller.

L’heure qui suivit fut difficile à passer. Il marchait de long en large en s’efforçant en effet d’immobiliser son âme. Lorsqu’il entendit frapper à sa porte, il faillit s’abattre sur le dos, tant la commotion fut violente. C’étaient ses témoins. Déjà !

Ils étaient enveloppés de fourrures. Rival déclara, après avoir serré la main de son client :

— Il fait un froid de Sibérie.

Puis il demanda :

— Ça va bien ?

— Oui, très bien.

— On est calme ?

— Très calme.

— Allons, ça ira. Avez-vous bu et mangé quelque chose ?

— Oui, je n’ai besoin de rien.

Boisrenard, pour la circonstance, portait une décoration étrangère, verte et jaune, que Duroy ne lui avait jamais vue.