Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/286

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— Aucun, sauf des cousins. Son père et sa mère sont morts comme il était tout jeune.

Ils regardaient tous deux un papillon cueillant sa vie sur les œillets, allant de l’un à l’autre avec une rapide palpitation des ailes qui continuaient à battre lentement quand il s’était posé sur la fleur. Et ils restèrent longtemps silencieux.

Le domestique vint les prévenir que « Monsieur le Curé avait fini ». Et ils remontèrent ensemble.

Forestier semblait avoir encore maigri depuis la veille.

Le prêtre lui tenait la main.

— Au revoir, mon enfant, je reviendrai demain matin.

Et il s’en alla.

Dès qu’il fut sorti, le moribond, qui haletait, essaya de soulever ses deux mains vers sa femme et il bégaya :

— Sauve-moi… sauve-moi… ma chérie… je ne veux pas mourir…, je ne veux pas mourir… Oh ! sauvez-moi… Dites ce qu’il faut faire, allez chercher le médecin… Je prendrai ce qu’on voudra… Je ne veux pas… Je ne veux pas…

Il pleurait. De grosses larmes coulaient de ses yeux sur ses joues décharnées ; et les coins