Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/349

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après cinq minutes, qu’ils se connaissaient et s’adoraient depuis dix ans.

Alors Madeleine, dont le visage était radieux, leur dit :

— Je vous laisse ensemble. J’ai besoin de jeter un coup d’œil à ma cuisine.

Et elle se sauva, suivie par le regard des deux hommes.

Quand elle revint, elle les trouva causant théâtre, à propos d’une pièce nouvelle, et si complètement du même avis qu’une sorte d’amitié rapide s’éveillait dans leurs yeux à la découverte de cette absolue parité d’idées.

Le dîner fut charmant, tout intime et cordial ; et le comte demeura fort tard dans la soirée, tant il se sentait bien dans cette maison, dans ce joli nouveau ménage.

Dès qu’il fut parti, Madeleine dit à son mari :

— N’est-ce pas qu’il est parfait ? Il gagne du tout au tout à être connu. En voilà un bon ami, sûr, dévoué, fidèle. Ah ! sans lui…

Elle n’acheva point sa pensée, et Georges répondit :

— Oui, je le trouve fort agréable. Je crois que nous nous entendrons très bien.

Mais elle reprit aussitôt :

— Tu ne sais pas, nous avons à travailler, ce soir, avant de nous coucher. Je n’ai pas eu le temps de te parler de ça avant dîner, parce