Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/372

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Comme il rentrait chez lui, il entendit des voix de femmes dans le salon. Il demanda :

— Qui est là ?

Le domestique répondit :

Mme  Walter et Mme  de Marelle.

Un petit battement lui secoua le cœur, puis il se dit : « Tiens, voyons, » et il ouvrit la porte.

Clotilde était au coin de la cheminée, dans un rayon de jour venu de la fenêtre. Il sembla à Georges qu’elle pâlissait un peu en l’apercevant. Ayant d’abord salué Mme  Walter et ses deux filles, assises comme deux sentinelles aux côtés de leur mère, il se tourna vers son ancienne maîtresse. Elle lui tendait la main ; il la prit et la serra avec intention, comme pour dire : « Je vous aime toujours. » Elle répondit à cette pression.

Il demanda :

— Vous vous êtes bien portée pendant le siècle écoulé depuis notre dernière rencontre ?

Elle répondit avec aisance :

— Mais oui, et vous, Bel-Ami ?

Puis, se tournant vers Madeleine, elle ajouta :

— Tu permets que je l’appelle toujours Bel-Ami ?

— Certainement, ma chère, je permets tout ce que tu voudras.