Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/417

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— Oh ! sauvez-moi ! sauvez-moi !

Il s’arrêta, surpris :

— Qu’est-ce que vous désirez, madame ?

— Je veux que nous me sauviez. Ayez pitié de moi. Si vous ne venez pas à mon aide, je suis perdue.

Il la regardait, se demandant si elle n’était pas folle. Il reprit :

— Que puis-je faire pour vous ?

C’était un jeune homme, grand, un peu gras, aux joues pleines et tombantes, teintées de noir par la barbe rasée avec soin, un beau vicaire de ville, de quartier opulent, habitué aux riches pénitentes.

— Recevez ma confession, dit-elle, et conseillez-moi, soutenez-moi, dites-moi ce qu’il faut faire !

Il répondit :

— Je confesse tous les samedis, de trois heures à six heures.

Ayant saisi son bras, elle le serrait en répétant :

— Non ! non ! non ! tout de suite ! tout de suite ! Il le faut ! Il est là ! dans cette église ! Il m’attend.

Le prêtre demanda :

— Qui est-ce qui vous attend ?

— Un homme… qui va me perdre… qui va me prendre, si vous ne me sauvez pas…