Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/522

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— Mais non.

— De me consulter toutes les fois qu’on demanderait votre main.

— Eh bien ?

— Eh bien, on l’a demandée.

— Qui ça ?

— Vous le savez bien.

— Non. Je vous jure.

— Si, vous le savez ! Ce grand fat de marquis de Cazolles.

— Il n’est pas fat, d’abord.

— C’est possible ; mais il est stupide, ruiné par le jeu et usé par la noce. C’est vraiment un joli parti pour vous, si jolie, si fraîche, et si intelligente.

Elle demanda, en souriant :

— Qu’est-ce que vous avez contre lui ?

— Moi ? Rien.

— Mais si. Il n’est pas tout ce que vous dites.

— Allons donc. C’est un sot et un intrigant.

Elle se tourna un peu, cessant de regarder dans l’eau :

— Voyons, qu’est-ce que vous avez ?

Il prononça, comme si on lui eût arraché un secret du fond du cœur :

— J’ai… j’ai… j’ai que je suis jaloux de lui.