Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/553

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ces gens. Mais il la tenait, leur fille. Ils verraient, à présent.

Il répondit :

— Il est trop tard pour prendre le train ; cette voiture-là va donc nous conduire à Sèvres où nous passerons la nuit. Et demain nous partirons pour La Roche-Guyon. C’est un joli village, au bord de la Seine, entre Mantes et Bonnières.

Elle murmura :

— C’est que je n’ai pas d’effets. Je n’ai rien.

Il sourit, avec insouciance :

— Bah ! nous nous arrangerons là-bas.

Le fiacre roulait le long des rues. Georges prit une main de la jeune fille et se mit à la baiser, lentement, avec respect. Il ne savait que lui raconter, n’étant guère accoutumé aux tendresses platoniques. Mais soudain il crut s’apercevoir qu’elle pleurait.

Il demanda, avec terreur :

— Qu’est-ce que vous avez ? ma chère petite.

Elle répondit, d’une voix toute mouillée :

— C’est ma pauvre maman qui ne doit pas dormir à cette heure, si elle s’est aperçue de mon départ.

Sa mère, en effet, ne dormait pas.

Aussitôt Suzanne sortie de sa chambre, Mme  Walter était restée en face de son mari.