Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/57

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Puis elle s’éloigna avant qu’il eût pu répondre un mot.

Il but d’abord son café qu’il craignait de laisser tomber sur le tapis ; puis, l’esprit plus libre, il chercha un moyen de se rapprocher de la femme de son nouveau directeur et d’entamer une conversation.

Tout à coup il s’aperçut qu’elle tenait à la main sa tasse vide ; et, comme elle se trouvait loin d’une table, elle ne savait où la poser. Il s’élança.

— Permettez, madame.

— Merci, monsieur.

Il emporta la tasse, puis il revint :

— Si vous saviez, madame, quels bons moments m’a fait passer la Vie Française quand j’étais là-bas dans le désert. C’est vraiment le seul journal qu’on puisse lire hors de France, parce qu’il est plus littéraire, plus spirituel et moins monotone que tous les autres. On trouve de tout là dedans.

Elle sourit avec une indifférence aimable, et répondit gravement :

— M. Walter a eu bien du mal pour créer ce type de journal, qui répondait à un besoin nouveau.

Et ils se mirent à causer. Il avait la parole facile et banale, du charme dans la voix, beaucoup de grâce dans le regard et une sé-