Page:Maupassant - Boule de suif, OC, Conard, 1908.djvu/264

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prend que nous ne pouvons rien imaginer en dehors de ce qui tombe sous nos sens ; et la preuve de cette impuissance, c’est la stupidité des conceptions dites idéales, des paradis inventés par toutes les religions. Nous avons donc ce seul objectif : l’Être et la Vie, qu’il faut savoir comprendre et interpréter en artiste. Si on n’en donne pas l’expression à la fois exacte et artistiquement supérieure, c’est qu’on n’a pas assez de talent.

Quand un monsieur, qualifié de réaliste, a le souci d’écrire le mieux possible, est sans cesse poursuivi par des préoccupations d’art, c’est, à mon sens, un idéaliste. Quant à celui qui affiche la prétention de faire la vie plus belle que nature, comme si on pouvait l’imaginer autre qu’elle n’est, de mettre du ciel dans ses livres, et qui écrit en « romancier pour les dames », ce n’est, à mon avis du moins, qu’un charlatan ou un imbécile. — J’adore les contes de fées et j’ajoute que ces sortes de conceptions doivent être plus vraisemblables, dans leur domaine particulier, que n’importe quel roman de mœurs de la vie contemporaine.

Voici maintenant quelques notes sur notre volume.