Page:Maupassant - Choses du jour, paru dans Le Gaulois, 28 décembre 1881.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

raient pas.



Qu’y faire ? Rien. C’est le courant de l’époque. Les mœurs américaines sont venues chez nous, voilà tout.

Oh ! ce que je voudrais, par exemple, c’est qu’un financier foncièrement sceptique et spirituel écrivît ses mémoires, racontât tout, mais là tout, pour servir à l’histoire de notre génération. Quel invraisemblable musée on ferait sous ce titre : « les Hommes de Bourse », ou, si l’on préfère : « les Hommes de sac », ou encore : « les Hommes de proie ».

Pourquoi pas ? Pourquoi la finance d’aujourd’hui (une certaine finance, du moins) n’aurait-elle pas son historien ?

Ces galeries de contemporains, quand elles sont bien faites, intéressent d’une façon-particulière, et elles ont, de plus, l’avantage de laisser des documents à l’avenir.

Un exemple vient d’être donné qui serait à suivre. Juste au moment où cette antique et surannée coutume du duel reprend une vigueur nouvelle, une vigueur de mode, périodique, violente et passagère, le baron de Vaux, avec un rare à-propos, fait paraître une intéressante série de portraits : « les Hommes d’épée », qui nous font passer sous les yeux les curieuses physionomies de tous les escrimeurs du jour, maîtres d’armes, hommes du monde, artistes, journalistes.

Il détaille le jeu de chaque tireur, ses