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les bijoux

l’adresse de Mme Lantin, 16, rue des Martyrs, le 20 juillet 1876.

Et les deux hommes se regardèrent dans les yeux, l’employé éperdu de surprise, l’orfèvre flairant un voleur.

Celui-ci reprit : — Voulez-vous me laisser cet objet pendant vingt-quatre heures seulement, je vais vous en donner un reçu ?

M. Lantin balbutia : — Mais oui, certainement. Et il sortit en pliant le papier qu’il mit dans sa poche.

Puis il traversa la rue, la remonta, s’aperçut qu’il se trompait de route, redescendit aux Tuileries, passa la Seine, reconnut encore son erreur, revint aux Champs-Élysées sans une idée nette dans la tête. Il s’efforçait de raisonner, de comprendre. Sa femme n’avait pu acheter un objet d’une pareille valeur. — Non, certes. — Mais alors, c’était un cadeau ! Un cadeau ! Un cadeau de qui ? Pourquoi ?

Il s’était arrêté, et il demeurait debout au milieu de l’avenue. Le doute horrible l’effleura. — Elle ? — Mais alors tous les autres bijoux étaient aussi des cadeaux ! Il lui sembla que la terre