Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/203

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temps, si vite que leurs voix n’en firent qu’une :

— Oh ! dites-nous cela.

M. Bermutier sourit gravement, comme doit sourire un juge d’instruction. Il reprit :

— N’allez pas croire, au moins, que j’aie pu, même un instant, supposer en cette aventure quelque chose de surhumain. Je ne crois qu’aux causes normales. Mais si, au lieu d’employer le mot « surnaturel » pour exprimer ce que nous ne comprenons pas, nous nous servions simplement du mot « inexplicable », cela vaudrait beaucoup mieux. En tout cas, dans l’affaire que je vais vous dire, ce sont surtout les circonstances environnantes, les circonstances préparatoires qui m’ont ému. Enfin, voici les faits :

J’étais alors juge d’instruction à Ajaccio, une petite ville blanche, couchée au bord d’un admirable golfe qu’entourent partout de hautes montagnes.

Ce que j’avais surtout à poursuivre là-bas, c’étaient les affaires de vendetta. Il y en a de