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séculaire poussent ces oiseaux à revenir en ce lieu ? Quelle première émigration, quelle tempête peut-être a jadis jeté leurs pères sur cette roche ? Et pourquoi les fils, les petit-fils, tous les descendants des premiers y sont-ils toujours retournés !

Ils ne sont pas nombreux : une centaine au plus, comme si une seule famille avait cette tradition, accomplissait ce pèlerinage annuel.

Et chaque printemps, dès que la petite tribu voyageuse s’est réinstallée sur sa roche, les mêmes chasseurs aussi reparaissent dans le village. On les a connus jeunes autrefois ; ils sont vieux aujourd’hui, mais fidèles au rendez-vous régulier qu’ils se sont donné depuis trente ou quarante ans.

Pour rien au monde, ils n’y manqueraient.



C’était par un soir d’avril de l’une des dernières années. Trois des anciens tireurs de