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44 contes du jour et de la nuit  

coteau épanoui, faisait sortir de ce bois de bouquets un arôme puissant, un immense souffle de parfums, cette sueur des fleurs.

Une cloche d’église sonnait au loin.

Et, tout doucement, ils s’embrassèrent, puis s’étreignirent, étendus sur l’herbe, sans conscience de rien que de leur baiser. Elle avait fermé les yeux et le tenait à pleins bras, le serrant éperdument, sans une pensée, la raison perdue, engourdie de la tête aux pieds dans une attente passionnée. Et elle se donna tout entière sans savoir ce qu’elle faisait, sans comprendre même qu’elle s’était livrée à lui.

Elle se réveilla dans l’affolement des grands malheurs et elle se mit à pleurer, gémissant de douleur, la figure cachée sous ses mains.

Il essayait de la consoler. Mais elle voulut repartir, revenir, rentrer tout de suite. Elle répétait sans cesse, en marchant à grands pas :

— Mon Dieu ! mon Dieu !

Il lui disait :

— Louise ! Louise ! restons, je vous en prie.

Elle avait maintenant les pommettes rouges