Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/46

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Soudain, il la vit, douta, prit sa jumelle, la reconnut, et bouleversé par une émotion violente, s’assit pour l’attendre.

Quand elle entra, il se précipita sur les genoux et voulut lui prendre les mains ; mais elle les retira brusquement, et comme il demeurait à ses pieds, saisi d’angoisse et les yeux levés vers elle, elle lui dit avec hauteur :

— Que faites-vous donc, Monsieur, je ne comprends pas cette attitude ?

Il balbutia :

— Oh ! Madame, je vous supplie…

Elle l’interrompit durement.

— Relevez-vous, vous êtes ridicule.

Il se releva, effaré, murmurant :

— Qu’avez-vous ? Ne me traitez pas ainsi, je vous aime !…

Alors, en quelques mots rapides et secs, elle lui signifia sa volonté, et régla la situation.

— Je ne comprends pas ce que vous voulez dire ! Ne me parlez jamais de votre amour, ou je quitterai cet atelier pour n’y point revenir. Si vous oubliez, une seule fois, cette condition de ma présence ici, vous ne me reverrez plus.

Il la regardait, affolé par cette dureté qu’il n’avait point prévue ; puis il comprit et murmura :

— J’obéirai, Madame.

Elle répondit :