Page:Maupassant - Ivan Tourgueneff, paru dans Le Gaulois, 5 septembre 1883.djvu/9

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Le don puissant d’observation qu’il avait lui fit apercevoir, bien avant qu’il apparût au grand jour, le germe fermentant de la révolution russe. Il constata cet état nouveau des esprits dans un livre célèbre, Pères et Enfants. Il avait appelé nihilistes les sectaires nouveaux qu’il venait de découvrir dans la foule agitée du peuple, comme un naturaliste baptise l’animal inconnu dont il révèle l’existence.

Un grand bruit se fit autour de ce roman. Les uns plaisantaient, d’autres s’indignaient ; personne ne voulait croire ce qu’annonçait l’écrivain.

Ce nom de nihilistes resta sur la secte naissante, dont on a bientôt cessé de nier l’existence.

Depuis lors, Tourgueneff suivit avec cette passion désintéressée de l’artiste la marche et le développement de la doctrine révolutionnaire qu’il avait pressentie, reconnue et dévoilée.