Page:Maupassant - L’Esprit en France, paru dans Le Gaulois, 19 juin 1881.djvu/18

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Lisez à côté de cela quelque chose de Marivaux, par exemple, de Marivaux, le précieux, le maniéré ; il vous amuse encore, il vous amusera toujours, parce qu’on sent couler en lui ce vif, alerte, exquis, éternel esprit français, qui est le sang même de notre littérature.

Donc, l’esprit est un de nos charmes, une de nos grandeurs, une de nos gloires, mais à force de l’aimer, nous lui donnons des proportions de vice, et nous finissons par mêler l’esprit courant avec l’esprit impérissable des vrais maîtres, mettant l’un à la place de l’autre, confondant le cri drôle d’un gavroche avec le mot immortel d’un Voltaire. Nous grimaçons souvent en croyant rire. N’est-ce point un peu cela qui a fait dire à Schopenhauer :

« Le reste du monde a les singes, mais l’Europe a les Français. »

guy de maupassant.