Page:Maupassant - L’Esprit en France, paru dans Le Gaulois, 19 juin 1881.djvu/6

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Pourquoi un mot plutôt qu’un autre, le rapprochement imprévu, bizarre de deux termes, de deux idées ou même de deux sons, une calembredaine quelconque, un coq-à-l’âne inattendu ouvrent-ils la vanne de notre gaieté, font-ils éclater tout d’un coup, comme une mine qui sauterait, tout Paris et toute la province ?

Pourquoi tous les Français riront-ils, alors que tous les Anglais et tous les Allemands trouveront stupide notre amusement ? Pourquoi ? Uniquement parce que nous sommes Français, que nous avons l’intelligence française, que nous possédons la charmante faculté du rire.

Ah ! oui, la saillie vieillit vite. Qu’importe ! L’autre esprit reste.

Je me suis amusé à chercher ce qu’était autrefois, dans toute sa jeunesse, cet esprit appelé gaulois. J’ai retrouvé dans les poètes antiques ces mots qui déridaient nos ancêtres, ces lointaines gaietés des aïeux.